LE “RÉSEAU“ EN FRANCE
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¤ Le 25 juillet 1644, un bateau hollandais ayant forcé le blocus anglais et quitté la veille le port de Falmouth met en panne près du port de Melon. A son bord, la reine d'Angleterre, Henriette de France, et sa suite, qui ont fui les révoltes des parlementaires et de Cromwell. Comme capitaine des garde-côtes et commandant de l'arrière-ban du diocèse de Léon, Guillaume de Penancoët accueille la reine exilée au château de Kéroual, étape vers son voyage à Paris via Quimper et Nantes. Ce geste aura une grande conséquence pour l’avenir de Louise.
Vidéo. Une restauration possible
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¤ Antoine de Pas de Feuquières (1648-1711), lieutenant général des armées de Louis XIV, évoquant les espions du roi.
« Il s’en trouve dans le conseil des princes, dans les bureaux des ministres, parmi les officiers des armées, dans les cabinets des généraux, dans les villes ennemies, dans le plat pays et même dans les monastères. »
Louis XIV et Colbert par Henri Testelin (1616–1695)
L'espionnage sous Louis XIV
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¤ François de Bourbon, duc de Beaufort , nommé à Brest, remarqua la beauté de Louise de Keroual. Il obtint pour elle une place de fille d’honneur auprès d’Henriette-Anne Stuart, duchesse d’Orléans “Madame“ pour 150 livres par an.
Portrait par Jean Nocret (1615 - 1672)
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¤ La duchesse se rappelant le geste du seigneur de Kéroual vis-à-vis de son infortunée mère, accepte bien volontiers la jeune fille dans sa maison, qui se tient à Saint Cloud. en 1668. La jeune fille est accueillie avec bonté par la duchesse d’Orléans et une amitié profonde les unit bientôt (elles n’ont que cinq ans d’écart).
Portrait par Nicolas Mignard (1606 - 1668)
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LES MANŒUVRES EN ANGLETERRE
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¤ Au début du XVIe siècle, les dix-sept provinces qui forment les Pays-Bas sont unies sous la couronne d'Espagne de Charles Quint. En juillet 1581, par l'Acte de La Haye, les sept provinces du nord prennent leur indépendance et constituent une fédération proposant un régime politique inédit en Europe à cette époque.
Le 20 mars 1602, les marchands hollandais fondent ensemble la Compagnie des Indes Orientales. Avec ses conquêtes succesives dans les mers orientales, cette république va créer le deuxième empire colonial du monde après l'empire britannique (en terme de richesse) !
Vidéo. La Cie des Indes orientales
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¤ Pour faire face à cette expansion Louis XIV décide de resserrer les liens avec l'Angleterre. Il va utiliser “Madame“ pour parvenir à ses fins. La duchesse d’Orléans va se déplacer en Angleterre, en compagnie de toute sa maison pour y rencontrer son frère Charles II. Louise de Kéroual qui est du voyage est impatiente de rencontrer ce roi dont Madame lui a tant raconté les mérites et les souffrances: après une adolescence passée en exil en Hollande, puis en France, Charles II a su reconquérir son trône en 1660. Le roi tombe sous le charme de Louise qui reste “sage“, mais Henriette et sa suite doivent rentrer en France. Quelques semaines plus tard “Madame“ meurt subitement et sa maison va être dissoute mettant en péril la place de Louise.
Portrait posthume réalisé par Samuel Cooper à la demande du frère d'Henriette, le roi Charles II d'Angleterre.
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¤ Mais Louis XIV veille sur elle. Il a été averti de l’excellente impression produite par Louise sur le roi Charles II lors de l’entrevue du mois de mai, et il décide de renforcer l’entente entre la France et l’Angleterre grâce à la jeune fille.
Portrait par John Michael Wright. (1617 - 1694)
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¤ Le traité de Douvres fut une entente secrète signée entre les couronnes anglaise et française le 1er juin 1670 concluant l’alliance des deux royaumes dans la guerre de Hollande qui éclata deux ans plus tard.
Henriette a joué un rôle majeur dans la conclusion du traité de Douvres.
Gravure française de 1880. Henriette d'Angleterre négociant le traité de Douvres en 1670 avec Charles II.
Biographie de Louise, angle plus historique
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¤ Louis XiV obtient une place de fille d’honneur pour Louise de Kéroual auprès de Catherine de Bragance épouse de Charles II. Il aidera Louise à la cour de Londres, en échange, il lui demande de tout faire pour que la France garde de bonnes relations avec le roi d’Angleterre.
Ce n'est qu'en octobre 1671, soit un an après son arrivée, qu'elle cède aux avances du roi d'Angleterre après avoir obtenu un simulacre de mariage organisé par la cour.
Portrait par Jean Nocret (1615 - 1672)
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¤ La confiance que Charles II place en sa favorite s’accroît davantage lorsque celle-ci lui donne un fils, le 29 juillet 1672. L’enfant est baptisé Charles et reçoit le duché de Lennox. En remerciement de cette naissance, Louise est faite comtesse de Fareham, baronne de Patersfield et duchesse de Portsmouth en 1673. Les terres offertes par Charles II lui assurent ainsi une grosse rentrée d’argent.
Portrait par par Godfrey Kneller (1646 - 1723)
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¤ En 1675, Louise fait venir sa sœur cadette, Henriette Mauricette, en Angleterre afin de la marier. Charles II unit la sœur de sa favorite à Philippe Herbert, comte de Pembroke. Cette même année, le roi accorde au fils de Louise le titre de duc de Richmond.
Portrait d'Henriette par Peter Lely en 1674
Portrait du 7ème comte de Pembroke par auteur inconnu
Biographie de Louise romancée
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¤ En 1682, lors d'un séjour à la cour de France Louise rencontre Philippe de Bourbon, duc de Vendôme, neveu de son premier protecteur, le duc de Beaufort. Elle tombe sous le charme du prince et, lorsque celui-ci arrive à Londres en 1683, Louise en fait son amant. N’acceptant pas la cour que le duc de Vendôme fait à sa favorite, Charles II lui intime l’ordre de quitter l’Angleterre.
Portrait par Jacob Ferdinand Voet (1639 - 1689)
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ÉPILOGUE
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¤ Le 14 février 1685, Charles II décède, à l’âge de 54 ans, trois jours après avoir fait une crise d’apoplexie. Le nouveau monarque, Jacques II, son frère cadet, fait vite comprendre à la duchesse de Portsmouth que sa présence n’est plus nécessaire à la cour d'Angleterre.
Portrait par Nicolas de Largillierre, 1686.
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¤ En août, Louise quitte l’Angleterre pour regagner la France, avec son fils. Duchesse d’Aubigny, elle s’occupe du mieux qu’elle peut des paysans vivant sur ses terres.
Elle voit ses rentes anglaises disparaître avec l’arrivée au pouvoir de Guillaume III d’Orange et de Mary II, respectivement gendre et fille de Jacques II, qui renversent le roi en 1689. Adorant le jeu, il arrive à Louise de perdre gros et elle accumule les dettes. Cependant, à chaque fois, Louis XIV suspend les procès que les créanciers intentent à la duchesse.
Le château des Stuart à Aubigny, entrée et cour d'honneur
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¤ La princesse de Galles, Lady Diana Spencer, était l'une des descendantes du fils que Louise de Keroual avait eu du roi Charles II (Charles Lennox, le duc de Richmond). La descendance de Louise, toujours par Charles Lennox, compte aussi Camilla Parker-Bowles, Sarah Ferguson, l'Aga Khan (par sa mère Joan Yarde-Buller) et Jane Birkin.
Le petit-fils de Louise, duc de Richmond, créa en 1735, soit l'année suivant la mort de sa grand-mère, la célèbre Loge maçonnique d'Aubigny où furent initiés le duc d'Antin et Montesquieu. C'est une des premières loges maçonniques créées en France.
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LES TÉMOINS
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¤ Charles de Saint-Évremond, (1614 - 1703) cultivait les lettres avec un esprit de raillerie et de satire sans jamais négliger le plaisir vers lequel le portait sa nature épicurienne ; charmant les salons par sa vive causerie et les ruelles par ses madrigaux, tenant le premier rôle chez Ninon de Lenclos, faisant figure aux soupers des gourmets lettrés, il menait une vie entièrement conforme à ses goûts. Il dira avec malice “« le ruban de soie qui serre la taille de Mlle de Keroual unit la France et l’Angleterre ».
Portrait par James Parmentier, 1701.
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¤ Jacques-Bénigne Bossuet 1627 - 1704 (surnommé parfois “ l'Aigle de Meaux “)
homme d'Église, évêque, prédicateur et écrivain. Prédicateur tôt renommé, il prononce des sermons et des oraisons funèbres qui demeurent célèbres.
Le 21 août 1670 il prononce l'oraison funèbre de « Madame », Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans, belle-sœur du roi, décédée subitement à l'âge de 26 ans, et dont la phrase “ « O nuit désastreuse, ô nuit effroyable, où retentit tout d'un coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte. » est restée fameuse,
Portrait par Hyacinthe Rigaud.(1659 - 1743)
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¤ Le trois mats barque “Earl of Pembroke“ qui porte le souvenir de l'illustre famille, sortant du port du Rosmeur à Douarnenez. |